La pointe du Hoc: Un point hautement stratégique
Dans l’opération Overlord, la pointe du Hoc occupe une position stratégique très importante, pour la réussite du débarquement sur les plages de Normandie. Il est l’un des piliers de l’assaut amphibie des forces américaines au petit matin du 6 juin1944. La pointe du Hoc mesure 30m de hauteur et se situe entre Utah et Omaha Beach.
La planification minutieuse du débarquement en Normandie indique plusieurs endroits considérés comme vitaux pour réussir l’invasion. Ces lieux nécessitent une attention particulière et des préparatifs d’exécution très précis. La prise de la Pointe du Hoc fait parti de ces positions incontournable. D’ailleurs les planificateurs alliés, la désignent comme l’une des positions de défense allemandes les plus dangereuses sur la côte normande.
La forteresse du Haut de la falaise
les Allemands ont alors installé une batterie de canons de 155 mm au sommet de la falaise. Ses canons ont une portée d’environ 20 Km et peuvent tirer à la fois sur les plages d’Utah et d’Omaha. La forteresse est défendue par les soldats des 716e et 352e divisions d’infanterie, ainsi que par des artilleurs.
Par conséquent la Pointe du Hoc est une forteresse très importante pour la Wehrmacht. De ce fait elle menace directement la vie de milliers de soldats américains qui vont bientôt débarquer sur les plages avoisinantes.
Ce sera pour les Rangers
Dwight Eisenhower et son état-major comprennent vite les dangers et l’importance vitale de la conquête des plages de débarquement sur la côte normande. De ce fait, ils choisissent les Rangers du lieutenant-colonel James Gouvernail. Ces hommes pour la plupart garde forestier ou bûcherons ne sont pourtant pas les plus aguerris pour aller détruire les positions ennemies réputées imprenables au sommet de la falaise.
Côté allemand, on ne croit pas que le commandement américain puisse envisager d’attaquer le haut de la falaise par voie maritime. Dans les faits les Américains pensent tout le contraire. En effet ils considèrent que la forteresse allemande est accessible avec une force bien entraînée. D’ailleurs ils planifient un débarquement des soldats à marée basse sur les plages étroites. Puis ils graviront les falaises à l’aide de cordes et d’échelles.
Des Rangers, un choix controversé
Une réunion est organisée avec le commandement des Rangers pour leur expliquer les détails de la mission. D’ailleurs le général Omar Bradley confiera à propos de cette réunion, que le commandant des Rangers ne pouvait pas croire ce qu’on demandait à ses hommes. Mais malgré tout il comprenait l’importance stratégique de la mission à accomplir. Bradley a même écrit dans ses mémoires : “Aucun soldat de mon commandement n’a jamais souhaité une tâche plus difficile que celle qui incombait au commandant de cette force de garde-forestiers provisoire âgé de trente-quatre ans.”
Beaucoup ne comprennent pas ce choix. Pour preuve les propos d’un officier qui planifie les débarquements à Omaha beach, affirme que les Rangers ne pourront pas accomplir la mission. Il ajoute que “trois vieilles femmes munies d’un balai pourraient empêcher les Rangers de grimper sur cette falaise”.
Malgré cela, la périlleuse mission est confiée aux officiers Rudder et Schneider commandants respectifs des 2e et 5e bataillon de Rangers. Le 6 juin 1944, 225 soldats, devront donc escalader les falaises avant l’aube, et neutraliser les positions ennemies au sommet de la pointe du Hoc.
Le plan de Rudder
Objectifs du jour J pour La force A
Objectifs du jour J pour La force B
La Force B du capitaine Ralph Goranson a sa propre mission. En effet il est prévu qu’elle débarque sur la plage d’Omaha beach sur le secteur Charlie. Sur place, la Force B devra escalader les falaises de la Pointe de la Percée.
Comme à la Pointe du Hoc, la Pointe de la Percée héberge des points forts allemands que les Rangers doivent détruire. Elle est située à environ trois kilomètres à l’ouest de l’endroit où la Force A débarquera. A cet endroit les hommes devront escalader des falaises qui mesurent environ 30 mètres. Après cette ascension ils devront détruire les positions ennemies au sommet de la falaise.
Objectifs du jour J pour La force C
Le lieutenant-colonel Schneider et deux bataillons de rangers devront rester au large pendant environ 30 minutes. Au signal des troupes de Rudder, ils devront rejoindre les premières équipes d’assaut à terre. Car Rudder et ses hommes peuvent échouer dans leur mission et ne pas parvenir à neutraliser les canons au sommet de la Pointe du Hoc. Dans ce cas ce sera au tour des troupes de Schneider de s’emparer de la position.
De garde forestier à commando d’élite
Pour cela les Rangers sont entraînés par des commandos britanniques expérimentés. D’ailleurs ces derniers possèdent déjà une grande expérience des raids côtiers ou de missions commandos contre des positions allemandes.
Hormis l’art du combat et le camouflage, une grande partie de l’entrainement est consacré à l’escalade de falaise. De ce fait les Rangers s’entraînent avec différents types de cordes et d’échelles. Les cordes équipées de grappins deviennent finalement le principal outil pour l’ascension des falaises de la Pointe du Hoc. Dans les semaines qui précédent le jour J, les Rangers ‚s’entraînent durement et développent des compétences au combat exceptionnelle. Ils sont désormais prêts à accomplir leur mission.
Le 6 juin 1944 : Le débarquement sur la pointe du Hoc
4 H 45 des débuts agités
À 4 h 45, le matin du 6 juin, le Bataillon de Rangers de la Force A montent à bord des LCA. Dans une mer agitée, ils partent pour un voyage d’une heure vers leur destination. Dans la péniche le voyage est pénible. En effet les hommes sont mouillés, ont froid et plusieurs d’entre eux ont le mal de mer. D’autres écopent vigoureusement l’eau des bateaux avec leurs casques afin de les empêcher de couler. Un LCA a chaviré, laissant l’équipe d’assaut avec vingt-deux hommes de moins pour la mission.
6 H 45 les cibles mouvantes
À 6 h 45, les troupes de la force B qui débarquent sur Omaha Beach sont immédiatement soumis à des tirs d’artillerie allemande. Avant même de toucher terre, l’une des barges est touchée par des tirs d’artillerie et la compagnie perd ses quinze premiers hommes. Puis c’est un deuxième LCA qui est touché par un tir et les quinze hommes à bord sont tués ou blessés.
Environ dix minutes environ après le débarquement les soldats restants se frayent un chemin jusqu’au pied de la falaise. Ils peuvent désormais commencer l’ascension de 30 mètres vers le sommet de la Pointe de la Percée.
C’est en bas de cette falaise, le capitaine Goranson s’est vite rendu compte que de son équipe initiale de soixante-dix hommes, il ne restait que trente-cinq soldats pour gravir les falaises. D’ailleur à la tombée de la nuit, ce nombre sera plus proche de douze.
7 H 10 Une erreur de navigation
Alors que les Rangers de la Compagnie C gravissent déjà la falaise de la Pointe de la Percée, les Rangers de Rudder n’ont pas encore débarqué. L’heure H était initialement prévue pour 6 h 30. Mais c’est quand le soleil a commencé à se lever, que les Rangers de la Force A se sont rendu compte que quelque chose n’allait pas. Car en réalité les falaises dans leur ligne de mire sont en réalité la pointe de la Percée et non pas celles de la pointe du Hoc. En effet à cause des eaux agitées et du courant très fort, les Rangers se retrouvent à une distance de trois kilomètres de leur objectif.
De nouveau sur la bonne route, les Rangers sont maintenant bien en retard. Et pour eux ce retard a des conséquences graves. Car les navires de la marine qui observent les barges de débarquement se rendre à terre, sont aussi responsables de leurs tirs de couverture. Mais comme les Rangers devaient atterrir à 6 h 30, les navires de guerre ont cessé de tirer à 6 h 25.
En raison de ce problème de navigation, les Rangers débarquent sur la plage seulement à 7 h 10, avec près de quarante minutes de retard sur l’heure prévue. Du temps qui laissent le temps aux allemands de récupérer des bombardements alliés. Ainsi ils peuvent repositionner leurs défenses et de faire feu sur les retardataires en approche.
Les Rangers ne sont plus en mesure de suivre le plan initial, doivent désormais débarquer toutes les compagnies à l’est de la Pointe du Hoc. Leur arrivée à terre se fait sur une plage de 500 mètres de long sur trente mètres de large. De là ils essuient des tirs nourris de la part des Allemands.
Des cordes, des fusées et des hommes
Cependant, la mer agitée et ses embruns ont rendu les cordes d’escalade extrêmement mouillées. De ce fait les cordes sont plus lourdes, ceci les empêchant d’atteindre les falaises et de s’y maintenir lorsqu’elles sont tirées par des roquettes. D’autres cordes qui s’agrippent à la falaise sont coupées par les Allemands.
Pourtant, il reste suffisamment de corde pour permettre aux Rangers d’escalader les falaises. De plus les Rangers obtiennent une aide imprévue. En effet les bombardements aérien et naval ont détruits des morceaux de falaise. De ce fait les morceaux ont formé un tas de gravats de 20 mètres de haut, sur lequel les soldats peuvent s’appuyer pour placer des échelles. Cela permet une montée relativement courte et facile vers le sommet.
L’ascension périlleuse de la Force A
Les Rangers ont donc beaucoup de difficultés à grimper sur les falaises. De plus, un grand nombre des cordes qui ont agrippé les falaises sont totalement à découvert des tirs ennemis. Ce paramètre réduit considérablement le nombre de soldats pouvant grimper.
Les cordes mouillées sont glissantes, ce qui n’aide pas des soldats déjà alourdis par des vêtements boueux et humides. Ce sans compter le poids de leurs bottes et de leur équipement.
Malgré tout, les Rangers parviennent à grimper au sommet de la Pointe du Hoc en évitant les balles et les grenades «presse-purée» jeter d’en haut. Une fois au sommet les Rangers ouvrent le feu et tuent plusieurs allemands. Tous les soldats ennemis sont chassés du bord de la falaise
L’enjeu capital des bombardements préalables à l’assaut
De ce fait les Rangers en atteignant le sommet sont surpris par les dégâts qu’ils trouvent. En effet rien absolument ne ressemble aux photographies aériennes et aux maquettes que les Rangers ont étudié avant la mission. Tout repère reconnaissable est remplacé par des cratères et des gravats.
Pendant ce temps en mer
Au large, la Force C de Schneider doit attendre pendant trente minutes le signal. Celui-ci leur indiquera qu’ils doivent rejoindre à terre les troupes de la Force A. Dans le plan initial, le signal doit être transmis pour 7 h. Dans le cas contraire Schneider doit débarquer dans le secteur “Dog Green” d’Omaha Beach. Et c’est à partir de cette plage, que la force C devra lancer un assaut terrestre pour prendre la Pointe du Hoc.
A 7 heures du matin Schneider et ses troupes attendent anxieusement le signal que doivent lancer les troupes de Rudder. En effet celui-ci doit leur indiquer qu’ils ont réussis leur mission.
À 7 h 13, une fois au sommet, le lieutenant Eikner et son équipe mettent en place immédiatement, l’équipement nécessaire à l’envoi du signal. Pour cela ils utilisent des signaux radio prédéterminés. Ces signaux doivent signaler à Schneider, qu’ils peuvent arriver et commencer l’ascension.
Vers 7 h 25, le code “TILT” est transmis par radio et un accusé de réception est aussitôt renvoyé du navire. Cependant, rien n’indique que Rudder a bien envoyé le signal. Car le message que reçoit Schneider vers 7 h 15 est incohérent. En effet le seul mot compréhensible du message est “Charlie”.
Shneider applique le plan B
Sans signal cohérent Schneider est obligé d’utiliser le plan d’urgence et conduit la Force C à Omaha. Là ils doivent prendre d’assaut la plage et tenté d’atteindre la Pointe du Hoc par voie terrestre.
À Omaha, la Force C débarque à Vierville-sur-mer. Les deux premières vagues de la force de Schneider subissent un feu nourri à leur approche de la plage. Voyant cela, Schneider détourne le reste de ses hommes pour débarquer à l’est. Exactement entre les secteurs Dog White et Dog Red. Malgré les tirs d’artillerie intenses qui couvrent leur approche, treize des quatorze LCA de Schneider arrivent en toute sécurité. Ses Rangers ont perdu six hommes en route.
Shneider et ses hommes atteignent la digue. C’est là que la 29eme division leur demande du renfort pour tenir la tête de pont. Afin de suivre le plan initial, un peloton de soldats se sépare du reste des rangers. Ils partent à pied pour rejoindre la pointe du Hoc. Le reste de la troupe reste pour défendre le flanc droit de la zone d’invasion.
Organisation au sommet
Rapidement ils font leurs premiers prisonniers qui sont immédiatement envoyer sur la plage en contrebas. C’est sur cette plage au pied de la falaise que Rudder a installé son poste de commandement.
Un groupe de Rangers se dirige immédiatement vers le poste d’observation en béton situé près de la pointe. Là, ils parviennent à neutraliser une mitrailleuse allemande. Puis ils lancent des grenades et des obus de bazooka dans la position fortifiée à travers les fentes de tir. A l’intérieur Plusieurs allemands restent retranchés dans le poste d’observation. Le lendemain, le bâtiment est neutralisé grâce à des explosifs de démolition ramenés de la plage. Désormais les huit soldats allemands n’ont plus d’autre choix que de sortir et de se rendre.
Le compte n’y est pas
Car deux jours avant l’attaque, les Allemands ont retiré les canons de la Pointe du Hoc. De ce fait, les Rangers ont l’obligation de se regrouper. Car ils doivent maintenant découvrir où ont été caché les canons. Mais pour cela, ils vont devoir de s’exposer aux tirs intermittent des snipers, des mitrailleuses et aux tirs d’artillerie.
En plus d’essayer de localiser les canons allemands, les Rangers doivent se rendre à l’intérieur des terres. Là ils doivent établir un barrage routier entre Grandcamp et Vierville. De plus, les Rangers mettent également en place des positions défensives. De ces positions ils attendront l’arrivée de la 116ème division d’infanterie US qui arrive d’Omaha Beach.
Vers 9 h, une patrouille tombe sur une position camouflée à environ 250 mètres au sud de la route. Là, ils découvrent cinq des six canons de 155 mm manquants ainsi qu’une grande quantité de munitions. De ce fait la patrouille peut enfin détruire l’armement allemand.
Le lieutenant-colonel Rudder, qui a déplacé son PC au sommet des falaises apprend que l’armement a été détruit. De ce fait, pour lui et ses hommes le principal objectif de l’assaut de la pointe du Hoc est atteint.
Du 6 au 8 juin 1944, les Rangers subissent 70% de pertes. Moins de soixante-quinze des 225 premiers hommes qui ont débarqué le 6 juin, étaient encore aptes au combat.
Le bilan est lourd pour le 2eme bataillon de Rangers. En effet, on compte 77 hommes sont tués et 152 blessés. Trente-huit sont portés disparus. Dans le 5ème bataillon, il y a eu vingt-trois morts, quatre-vingt-neuf blessés et deux disparus.